Quatre-vingt-deux ans, c’est l’âge du narrateur de ce monologue de soixante-dix pages. Soixante-dix pages de férocité, de déclarations acerbes, d’uppercuts. Pas de fioritures, pas de détour, il dit tout, le vieux, toute sa rancœur, sa haine, sa vision du monde, la Shoah, sa Shoah.
Dès l’ironie mordante des premières lignes, on sait à qui on a affaire : « D’un point de vue strictement juif, je n’ai jamais été plus détendu qu’après Auschwitz. (…) D’un point de vue strictement juif, on ne m’aura jamais oublié avec autant de prévenance qu’en ces jours glorieux ».
Regard lucide, il n’épargne rien ni personne, pas même sa communauté.
Formidable idée de prendre pour narrateur ce vieillard aigri, cynique, lucide, impertinent et bavard. Il n’a plus rien à perdre, il peut tout dire, tout faire et… ne s’en prive pas.
Au fil des pages, on sourit, on rit (jaune) même parfois devant tant de méchancetés et de vérités.
« Zimmer » est publié chez Allia. C’est le premier livre d’Olivier Benyahya, né en 1975.
Le comédien Maurice Garrel a donné des lectures publiques de « Zimmer » au mois de mai 2009, au petit théâtre des Mathurins à Paris.