Qui n’a pas eu, un jour, en passant dans une rue déserte ou plus encore en marchant sur un chemin de campagne, le sentiment d’être observé, épié ?
Neuf fois sur dix, en se retournant, on s’aperçoit que l’intuition était fondée. On vous observait bel et bien. C’est comme si le regard de l’autre vous avait tapé sur l’épaule.
Parfois, le curieux, pris en flagrant délit, vous dévoile ses talents de comédien ; il se compose un rôle, joue les rêveurs, les détachés, s’improvise une occupation urgente ou, beaucoup plus fort, feint de guetter quelque chose ou quelqu’un là-bas… oui… loin derrière vous. A d’autres !
Un peu gênés, on se sourit, on esquisse un geste vague ou on s’ignore et on passe son chemin.
Les enfants, eux, ne s’encombrent pas de ces stratagèmes. Ils dardent sur vous des regards sans gêne ni arrière-pensée. Curieux, tout simplement.
La curiosité est aussi une spécificité animale. Attention, je ne parle pas de l’animal à l’affût guettant le prédateur ou la proie, je parle d’une curiosité tranquille, naturelle, bienveillante.
Je l’ai souvent constaté.
Récemment, lors d’une balade à la campagne, passant près d’une maison à l’abandon, je me suis sentie l’objet d’une attention particulière.
Mon regard escalade la façade décrépie et se pose sur une des fenêtres quasi-opaques de l’étage.
Un chat ! Un chat comme je les aime, blanc, figé dans son immobilité de porcelaine, l’air hautain, imperturbable, suit tous mes mouvements. Pas gêné le moins du monde, il semble même prendre la pose pour la photo ! Je la lui dois.
Et là, surprise ! Ce n’est pas une, mais deux paires d’yeux que l’objectif révèle.
Deux sentinelles pour cette ruine ! Une blanche et une noire tapies derrière la crasse des vitres. Même attitude, même regard, même immobilité, même curiosité.


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