J’adore les figues fraîches et, cette année, j’ai été gâtée.Jusqu’au mois de novembre, le compotier n’a pas désempli. Mais… qu’e chaba*, comme on dit en occitan.
Samedi, jour de marché. En ce moment, les étals regorgent d’oranges, de bananes et de pommes. Moi, j’ai envie d’autre chose, de douceur, de finesse, d’originalité.
J’avise des kakis. Chouette, c’est ce qu’il me faut.
J’approche et m’interroge tout haut sur le nom de l’arbre à kakis.
« Plaqueminier, c’est le plaqueminier » me souffle le maraîcher. « Dans le dictionnaire, on l’appelle diospyros… Euh… c’est du latin, je crois… enfin… j’ai pas fait Lettres » ajoute-il, en guise d’excuse, tout en choisissant délicatement les fruits.
Une légère nostalgie dans le ton, dans le regard… Souvenirs douloureux ? Pas d’équivoque, j’ai bien compris, les études, c’était pas son truc.
Pas intello peut-être mais maraîcher curieux tout de même, bravo !
Mon compagnon, lui, en a, des Lettres, et tient à le faire savoir. Il s’invite dans la conversation.
D’un geste large, il congédie l’origine latine. Diospyros vient du grec, voyons… dios, Dieu, Zeus, et pyros, grain, semence. Personnellement, pyros, j’aurais dit feu, mais bon… Le conférencier a l’air un peu ridicule, coincé entre un cageot de navets et une botte de poireaux mais il parait sûr de son coup. Passons.
Mon maraîcher et moi on n’en demandait pas tant.
La conversation aurait pu durer, mais on s’impatiente déjà derrière nous ; et puis, la Grèce n’a pas bonne presse en ce moment.
Laissons là l’Olympe et filons avec nos fruits divins.
*qu’e chaba : c’est fini, c’est terminé.
Les kakis se consomment très mûrs et à la petite cuillère.
Pommes, mangues, raisins et figues dans mon compotier.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Initiale F. 