Je n’ai pas la main verte.
Pratiques, les plantes vivaces font mon affaire. Elles apparaissent et disparaissent dans le jardin, au rythme des saisons, sans me donner trop de travail.
Dans la maison, je consomme davantage. A part les cactées, les plantes à fleurs ne font, en général, qu’un bref passage. Trop d’eau, pas assez d’eau, trop chaud, pas assez de lumière. Chez moi, la longévité d’une plante se compte en jours.
Pourtant, je possède des orchidées depuis deux, peut-être trois ans. Enfin, je veux dire… des feuilles d’orchidées avec plein de racines glabres et argentées qui débordent du pot. Les fleurs… y en a plus… depuis belle lurette.
Marre. J’en ai marre. Décide de les jeter. Un dernier coup d’œil. Remords. J’avise un coin sombre. Sursis.
Je savais les plantes, comme les vaches, sensibles à la musique, attentives à la parole humaine mais j’étais dans l’ignorance la plus absolue de leur don de voyance.
Médium ! J’en suis certaine, elles sont médium ! Les orchidées lisent dans les pensées !
Elles ont flairé le mauvais coup, le coup tordu, le coup du recoin, antichambre de la poubelle.
Au bout d’un mois, m’apprêtant à mettre enfin ma sentence à exécution, j’avise dans les pots desséchés, une curieuse excroissance.
Qu’est-ce donc ? Une racine brune, une tige sans feuille ?
Non… ça peut pas être ça ? Des boutons ? Des boutons pour faire des fleurs ?
Sans rancune, les plantes abandonnées m’offrent là une chance de rédemption.
Les fleurs écloses, la séance photo s’est vite imposée.
Sans rancune, ai-je dit ? Pas si sûr.
À bien les regarder, un doute s’insinue en moi. Je sens planer une menace, un désir, sournois, de vengeance.
Comment, vous n’avez rien remarqué ?
Là, juste devant, deux crocs, deux petits crocs acérés, identiques aux crochets d’un serpent, et qui incitent à garder ses distances.
Dorénavant, je réfléchirai à deux fois avant de mettre au rebus une plante défraîchie.
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